Protecteur des faibles, père attentif pour tous les mourides et source inépuisable de savoir, le deuxième Khalife de Serigne Touba ouvrira l’ère de l’entrée du mouridisme dans le cercle international des communautés.

Fils de Sokhna Awa BOUSSO, Serigne Fallou MBACKE est apparu au monde à Darou Salam le vendredi 27 Rajab 1888 à Darou Salam. Il avait 6 mois près le même âge que son frère aîné Cheikh Modou Moustapha. Sous la férule de Serigne Abdourahmane LO à Ndame et de Mame Mor Diarra, Serigne Fallou s’initia au Coran. Après le départ en exil de son père, il sera sous la protection de Mame Thierno Birahim MBACKE pour poursuivre ses études. Eridu d’une dimension incommensurable, il voyagea en Mauritanie, à Khomack, pour y retrouver Serigne Touba. Son pèlerinage à la Mecque en 1928 retentit toujours à travers le monde.

La distinction de Serigne Fallou de tous les autres fils du Cheikh revient à ce qu’il avait eu l’intelligence de troquer la filialité à l’ardeur et à la soumission du disciple : « Notre espoir est en Toi, Toi qui nous a ouvert les portes de la félicité. Je te vends mon rang de fils pour acheter la gloire d’être talibé. Et quand tu m’auras donné cette gloire, je te demanderai de l’accepter comme mon don pieu de talibé ». Il resta avec son père à Thiéyene puis à Diourbel à partir de 1912. Durant ses moments importants de sa vie, il fit don à son père de 20 copiées reliées du Saint-Coran, lui offrit également sa maison située près de la gare de Diourbel. Le Cheikh lui exprima sa reconnaissance à travers un verset qui accordait à Dieu Seul le pouvoir de le récompenser.

Serigne Fallou assista son frère aîné aux différentes tâches du khalifat. Il lui vouait un dévouement et un respect incommensurable en participant aux efforts d’édification de la Grande Mosquée de Touba.

L’accès au khalifat de Cheikhoul Khadim, après le rappel à Dieu de Serigne Modou Moustapha, ne fut pas de tout repos du fait de la crise économique des années 1930, de la fin de la seconde guerre mondiale, de la suspension du chantier de la Grande Mosquée en 1939.

Face à ce contexte, Serigne Fallou prit des mesures ardues et salutaires à plus d’un titre pour le rayonnement de la ville sainte de Touba et du Mouridisme.

Entre 1945 et 1946 il amena le conseil de famille à ériger les 400 hectares du noyau central du domaine de Touba en propriété individis entre les descendants en ligne directe de Cheikhoul Khadim. En 1946, Serigne Fallou décida de célébrer le Grand Magal (le 18 Safar) à Touba, créant ainsi un engouement extraordinaire et rapprochant ainsi les disciples des défis à réaliser. Ces derniers, par leur volonté contribuèrent au financement pour la mosquée, somme qui fut d’ailleurs déposée en banque. La participation volontaire était fixée à 28 francs. Il fut demandé à l’administration française de faire établir les travaux publics des plans révisés et de nouveaux devis. Un nouveau cahier des charges fut rédigé, la société adjudicataire fut celle de dragage et les travaux confiés à M. SCATENA, un architecte civil basé à Dakar. 15 années suffirent à Serigne Fallou et aux Mourides de parachever la construction du lieu de culte. Le vendredi 7 juin 1963 il présida la cérémonie inaugurale réalisant ainsi le vœu de Cheikhoul Khadim et propulsant le Mouridisme au devant de la scène nationale et internationale. El H. Cheikh BA Ngaïdy livra dans son compte rendu à la cérémonie : « Touba, cette ville sainte qui garde orgueilleusement dans ses sables fins l’âme et le corps du Sanctum Sanctorum, est encore à l’honneur. Déjà, de partout, les musulmans se préparent en vue de rejoindre la capitale spirituelle du mouridisme, pour assister avec joie et piété à cette grande solennité musulmane. Toutes les dispositions sont déjà prises par le Khalife général pour vous y recevoir ».

Son khalifat fut également marqué par des réalisations à caractère socio-économique sans commune mesure à l’époque. Le lotissement et l’urbanisation de la ville de Touba, le prolongement de la voie ferrée de Touba gare à Touba Mosquée, l’implantation de forages dans les foyers religieux comme Darou Moukhty, Touba Bogo, Ndindy, etc. Agriculteur chevronné, il a, à travers d’immenses exploitations agricoles, booster la production arachidière et la diversification des cultures dans la région de Diourbel. Plaçant les valeurs religieuses au centre des activités sociales et économiques, Serigne Fallou développa une diplomatie et un sens du real politique qui finiront par faire de la Ville Sainte de Touba un centre réceptif de migrants venant de tous les horizons. Les personnalités religieuses, civiles de l’Etat accouraient vers lui pour solliciter ses prières et son soutien. D’ailleurs, il entretenait d’étroites relations avec le Président Léopold Sédar SENGHOR. Serigne Fallou était un homme de vaste culture et d’un altruisme débordé. En 1968, Cheikh Mouhamadou Fadel MBACKE fut rappelé à Dieu à Touba.

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