La communauté Mouride se rappelle de Cheikh Abdoul Ahad MBACKE, troisième khalif Général des Mourides ce jeudi 22 septembre 2011.


Serigne Abdoul Ahad MBACKE s’est illustré par sa propension à réaliser de grands travaux qui ont fait du village de Touba un grand centre urbain. Son verbe venait de la poitrine tant par sa droiture et sa véracité et entrait dans le cœur des mourides qu’il laissait souvent en transe.
Fils de Sokhna Mariama DIAKHATE, Cheikh Abdoul Ahad MBACKE est venu au monde le 23ème jour du mois de Ramadan en 1914 à Ndiareem. A sa naissance, Cheikh Ahmadou Bamba lui prédit un destin hors du commun.



Après 1919, Cheikh Abdoul Ahad MBACKE débuta ses études coraniques auprès de Serigne Amsatou DIAKHATE. Doté d’une capacité extraordinaire à pénétrer les profondeurs du Coran, il était le frère aîné de Serigne Chouhaybou et Saliou MBACKE.
Il fonda plusieurs villages dont Toba Belel et Bouki Barga. Agriculteur hors pair, ses 12 daaras de Bouki Barga ont produit, en 1967, près de 150 tonnes d’arachide. Il appuyé ses frères à la tête du Khalifa, ainsi que ses frères et sœurs.


En 1968, son pragmatisme verra jour avec son accession à la tête du Mouridisme. Il aimait dire : « j’ai eu l’opportunité et la chance de côtoyer et d’observer deux khalifs, d’étudier leurs méthodes et de découvrir les hommes qui les abordaient et les problèmes qu’ils résolvaient ». A travers son parcours, ses relations, la force de l’âge et son caractère véridique le Mouridisme eut une en lui un chef efficace, ayant le sens du franc parlé. Ses fameuses interventions à lors des Magals, Gamou, Aïds à l’endroit des fidèles mourides retenaient l’attention de tout le Sénégal.


Cheikh Abdoul Ahad MBACKE est un homme de culture. Il s’engagea à l’instar d’Ousmane, troisième khalife de l’Islam, à diffuser le Livre Saint, à collecter et rééditer tous les écrits de Cheikh Ahmadou Bamba pour les mettre à la disposition des chercheurs, du publique et des talibés du Sénégal et du monde. Imbu de l’importance de l’édition, il fera construire une imprimerie ainsi que la grande bibliothèque de Touba, Daray Kamil. A son ouverture l’ouvrage contenait près de 40 tonnes de documents islamiques et scientifiques. Poursuivant sa politique de rayonnement culturel de la ville sainte de Touba, Cheikh Abdoul Ahad MBACKE créa l’université de Touba et la Résidence Cheikhoul Khadim pour y accueillir les hôtes de marque. Il a par ailleurs renforcé la sacralisation de l’espace mouride en ordonnant l’agrandissement de la Grande Mosquée. Son appel pour ce projet permit aux disciples, en trois mois, de réunir la somme de plus d’un milliard cinq cent millions. La croissance démographique de la ville de Touba et ses conséquences étaient au cœur de ses préoccupations. Il alimenta la ville en eau via des forages très puissants et des châteaux de réserve d’eau, en partenariat avec l’Etat du Sénégal ou les grands talibés comme feu Ndiouga KEBE et feu Djily MBAYE. Porteur d’un projet d’aménagement paysager, Cheikh Abdoul Ahad favorisa le bitumage des routes de Touba, l’érection d’une corniche pour faciliter l’accès et la sortie, le chantier d’un aérodrome, l’ouverture au réseau du téléphone et à l’électricité, la création d’un poste de gendarmerie, la mise en place d’hôpital moderne à Ndamatou et l’embellissement d’Aïnou Rakhmaty, le Puit de la Miséricorde.


Tenant beaucoup à la ville de son père, Cheikh Abdoul Ahad MBACKE, en 1983, exhorta les disciples et habitant de Touba à plus de considération pour cet espace divin : « après mon exaucement, nous qui n’avons d’espoir qu’en lui, nous sommes venus jusque dans son propre fief, où nous sommes et vivons. Il est notre résidence ici-bas et notre demeure de l’au-delà. Tout ce qu’il avait frappé de prohibition, nous devons par conséquent le condamner, tout ce qui était par contre en accord avec son vœu dans la ville, nous devons le partager avec lui. Cheikh Ahmadou Bamba sollicita son seigneur en ces mots : « A toi, je confie les soins de ma propre garde et de la prise en charge da ma religion, de mes biens, de mes fils et de ma demeure, la cité bénite de Touba, et ce, à jamais ». Une telle procuration donc, montre que nous autres, nous sommes par rapport à cette ville, comme un écheveau tissé avec du coton filé, de sorte que si l’écheveau se brouille, le fil du coton s’endommage, et si c’est le coton filé qui est en mal enchevêtré, l’écheveau se détériore. Par conséquent, tout ce qui concourt à parfaire la ville est pour nous salutaire. Et tout ce qui lui est attentatoire nous est nuisible. Que Dieu nous en préserve ! [...] Il nous échoit de rendre grâce à Dieu, de sauvegarder la ville et de l’honorer, sachant qu’il est notre seul patrimoine ».
La vulgarisation du Mouridisme et son rayonnement culturel à travers l’espace national et extra national lui valurent d’innombrables mesures. Il a soutenu et assisté le Magal des deux Raakas de Saint-Louis, l’institution Hizbut Tarqiyya, a fait participé d’ éminents chercheurs mourides à la conférence de l’Unesco, au week end culturel en Belgique, aux chants religieux de Lyon, à New York, en Italie, au Gabon entre autres pays.


Cheikh Abdoul Ahad MBACKE a permis « une nouvelle ascension de la voie Mouride dans les arcades de la société modernes ». Sa fameuse tunique qui porte son nom a fini de faire l’objet du port vestimentaire de tous les Mourides. Un port en harmonie avec notre climat et nos valeurs.
Le 18 juin 1989, Cheikh Abdoul Ahad MBACKE tira sa révérence à Touba Belel après 21 ans d’une mission sans relâche pour Cheikh Ahmadou Bamba, Touba et le Mouridisme. Il repose au cœur de la bibliothèque de Touba.

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