Désigné affectueusement sous les surnoms de Amdy ou de Ndiagne, pour faire allusion à son abondante chevelure, le premier Khalife général des Mourides, Serigne Mouhamadou Moutapha Mbacké, laisse à la postérité l’image d’un preux chevalier de l’Islam qui a porté haut le flambeau allumé par son père. Celui dont le nom se confond avec le Magal de Darou Khoudoss, qui commémore le rappel à Dieu de Serigne Touba, a vu le jour en 1888, à Darou Salam. Fils de Serigne Touba et de Sokhna Aminata Lô, il a tiré sa révérence le 13 juillet 1945.


Marquant la commémoration du rappel à Dieu de Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul, le Magal de Darou Khoudoss, 89e du genre, est célébré, ce vendredu 21 octobre 2016 (19 Muharram 1438H.), à Touba, dans le quartier éponyme, par la descendance du premier Khalife général des Mourides, Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, qui a veillé, de 1927 à 1945, sur l’héritage et le temple de Serigne Touba.



Célébré le 19 Muharram en l’an 1346 (Tamkharite), cette date du calendrier musulman correspond au 19 juillet 1927. Une initiative perpétuée par son fils aîné, Serigne Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma, jusqu’à sa disparition en 1978. A sa suite, il est revenu à Serigne Mbacké Madina de l’organiser jusqu’en 1985. Serigne Aliou Mbacké reprend le flambeau jusqu’en 1998 pour le passer à Serigne Khadim Mbacké qui a poursuivi cette exaltante mission jusqu’en 2004. Depuis lors, la célébration du Magal est entre les mains de Serigne Ahmadou Makhtar Mbacké, l’actuel Khalife de Cheikh Mouhamadou Moustapha et de Darou Khoudoss.


Historique


Cheikhoul Khadim a quitté ce bas monde le 19 juillet 1927. C’est alors que son premier Khalife, Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, entreprit de perpétuer l’œuvre colossale entreprise par son illustre père. Et, telle une feuille de route, Serigne Touba lui avait dicté la conduite à tenir. C’est ainsi qu’en présence de Serigne Massamba Mbacké, il demanda à Cheikh Moustapha de regrouper toute la communauté mouride à une date qu’il lui a indiquée. Ce n’est qu’en 1937 que Cheikh Moustapha, après s’être rappelé de la mission à lui assignée, demanda après Serigne Massamba Mbacké.



Comme ce denier était en voyage, Serigne Mouhamadou Moustapha demanda à ce qu’on aille le chercher. La mission le rattrapa à Louga. A son arrivée, le premier Khalife des Mourides lui montre le papier sur lequel Serigne Touba avait consigné la recommandation du Magal de Darou Khoudoss.



Emissaire attitré du Cheikh




Aussi, le vendredi 7 Juin 1963, jour de l’inauguration de la Grande mosquée de Touba, par Cheikh Mouhamadou Falilou, le successeur de Cheikh Mouhamadou Moustapha, d’aucuns se sont remémorés du premier Khalife de Khadimou Rassoul, disparu le 13 juillet 1945, alors que l’édifice avait déjà pris forme. L’image du travailleur infatigable et de l’érudit ayant une parfaite maîtrise des Sciences coraniques et de la langue arabe planait sur l’assistance.



En effet, malgré la crise des années 30 et les effets négatifs de la 2nde Guerre mondiale sur l’économie, le terroir mouride, irrémédiablement inscrit dans une logique de travail et de discipline, est resté prospère. On se souvient aussi que c’est sur Serigne Mouhamadou Moustapha que Khadimou Rassoul porta son choix pour remettre à l’Administration Coloniale la somme de 500 000 francs dans le but d’aider à relever la monnaie française menacée d’effondrement.


Prédestiné aux grands rôles




La première occasion que Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké eut de montrer qu’il était à la hauteur des espérances de son père, ce fut en 1927, lorsque le Cheikh disparut. La rapidité et la pertinence de sa réaction, le sang-froid, la discrétion et le courage avec lesquels il fit transférer l’illustre corps à Touba, dans le contexte très coercitif de la période coloniale forcent encore, de nos jours, l’admiration, quand on sait qu’il n’était pas facile à l’époque de braver le pouvoir colonial. Il a, en effet, donné une sépulture à son père, sans informer l’Administration des blancs, et en se passant surtout de son autorisation.


Travailleur infatigable


D’ailleurs, on ne peut regarder le rail à Touba, se recueillir dans la Grande mosquée, traverser Darou Khoudoss, qui est le cœur de Touba, sans évoquer cette grande figure de l’Islam universel dont les jeunes générations ne retiennent, à travers les clichés, que la tête enveloppée d’un turban et le visage empreint de sérénité et baigné de la lumière de Serigne Touba. Toutes choses qui corroborent les témoignages de ses contemporains le décrivant comme un travailleur infatigable, résolument détourné des mondanités, uniquement préoccupé des préceptes de l’Islam et entièrement dévoué à la mémoire de son père Khadimou Rassoul. La preuve la plus éloquente est qu’il pilotait, personnellement, les travaux de la Grande mosquée.

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